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Différent entre André Bernard DUHAMEL et le Sieur ESMANGART.

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André Bernard en exil ...

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J'ai découvert cette information lors de mes recherches et bien sûr, j'ai voulu savoir comment André Bernard en était arrivé à se faire éxiler.

Avant le XVII ème siècle, le Parlement et le gouverneur de Guyenne intervenaient à leur grè dans les affaires municipales. Au XVII ème siècle, l'autorité nouvelle des intendants, sous celles du gouverneur et du parlement, grandit chaque jour et sera à la fin de la monarchie, la vraie maîtresse du pays.

Les intendants réduisent peu à peu le gouverneur à un simple rôle de cérémonie. Ils contrecarrent le Parlement, l'espionnent et le dénoncent ; ils exercent sur les pouvoirs municipaux une tutelle de tout instant.

A cette époque M. le duc de Richelieu est gouverneur et lieutenant-général de Guyenne, M. Esmangart en est l'intendant et André Bernard est lieutenant de maire de la ville de Bordeaux.

Celle-ci a décidé de se doter d'un théatre "qui soit la plus haute expression de l'art architecturale du XVIIIème siècle" d'après Victor LOUIS, l'architecte du projet.

Le 18 mai 1773 les plans sont approuvés et signés par M. le duc de Richelieu, le vicomte Duhamel, lieutenant de maire et les membres de la jurade.

La pose de la première pierre, bien après le début des travaux, en fait le gros oeuvre est pratiquement terminé, fut l'objet d'une fête "démesurée".

Pour comprendre la suite de cette affaire je vous renvoie au livre de Charles Marionneau, consacré à Victor Louis,

  • l'histoire de la construction du théatre commence à la page 103 (128, dans le navigateur)
  • pour la fête de la première pierre et ses excès, page 280 et suivantes (311, dans le navigateur)
  • pour comprendre l'état d'esprit d'Esmangart pour assujettir le Parlement, la page 147 et suivantes (174, dans le navigateur) .

Bien qu'André Bernard ne fut pas au Parlement, ses tentatives de conciliations entre l'intendant et le parlement, lui valu le courroux d'Esmangart, il fut obligé d'en référer au roi, Louis XVI pour obtenir justice.

Pour "laver" son honneur, il s'en remet au roi ...

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Transcription :

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          Mémoire

    Pour le vicomte Duhamel, Lieutenant de Maire de Bordeaux
    Contre sieur Esmangart Intendant de Guienne

          Au Roi

Sire

  Le vicomte Duhamel attaqué dans son honneur par le sieur Esmangart de la façon la plus inouïe, ne peut se dispenser de porter ses plaintes aux pieds du throne.

  Le vicomte Duhamel était par sa place plus en relation que personnes avec le Sieur Esmangart mais n'étant pas disposé à la bassesse de se laisser traiter comme le Sieur Esmangart l'aurait cependant bien voulu, avait toléré tant qu'il avait pu tous les excès de ses prétentions sur tous les objets de la société. Le vicomte Duhamel les a toujours éludé avec prudence, pour cacher, s'il était possible de bien vivre avec cet Intendant, et lui avait mieux parlé avec amitié et franchise sur l'étiquette extravagante qu'il s'était forgé, mais tout ce qui attaquait son orgueil le révoltait, voyant que le vicomte Duhamel ne pouvait se soumettre et s'opposait par les devoirs de sa place à l'empire qu'il voulait usurper sur l'hotel de ville de Bordeaux dont il voulait faire anéantir les privilèges revêtus de lettres patentes enregistrée en parlement, déslors il jura de la poursuivre jusqu'à sa perte.

  Il crut que la mort du feu Roi était un moment favorable et dans l'instant il renouvela toutes ses prétentions et ses anciens projets d'asservir l'hôtel de ville de Bordeaux à ses volontés arbitraires, pour y parvenir quels moyens odieux n'a t-il pas employé pour faire blâmer l'administration des finances et la police confiée aux officiers municipaux.

  Il fit d'abord paraitre un assemblage monstrueux d'accusations de prétendus ordre de --------- son principal objet était de se venger du vicomte Duhamel en lui attirant la disgrâce de votre Majesté ---- peine de son exil, son objet était encore de punir le grand prévôt qui est aussi lieutenant des maréchaux de France, pour le prétendu manque de respect d'avoir terminé une de ses lettres, par fait l'honneur d'être avec un très sincère attachement, non seulement il l'insultât en lui renvoyant sa lettre, les dits mots qui l'avaient choqués étaient soulignés, mais il ajouta les paroles les plus outrageantes a ----- d'un geste menaçant quand celui-ci voulut s'en expliquer avec lui. Il lui a attiré un ordre du Roi de venir

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Fin du document

Transcription :

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à la suite de la cour rendre compte de sa conduite, et la peine et les frais d'un voyage en hiver de près de ------ lieues, avec l'humiliation de paraitre coupable aux yeux de ses concitoyens mais il lui a été facile de se mettre à l'abris des suites d'une fausse accusation, puisqu'il a prouvé être à Paris tems où il voulait l'inculper à Bordeaux pour le fait de corvées, pour tout dédommagement, il lui a été seulement permis de s'en retourner.

  Le vicomte Duhamel fût traité plus rigoureusement, par la peine d'un exil de 3 mois, si la vérité peut parvenir aux pieds du throne et démasquer l'audacieux ennemi qui a causé ses malheurs, le bien important que cela prouverait à la Province, le dédommagerait de tout ce qu'il a souffert.

  Le vicomte Duhamel se voit donc obligé de présenter à sa Majesté tous les moyens odieux que le Sieur Esmangart a employé pour attaquer son honneur et sa liberté, il s'est servi du prétexte des jeux que le vicomte Duhamel, disait-il, avait non seulement toléré, mais même protégé, il a eu la coupable audace d'aller jusqu'a le faire soupçonner d'en avoir tiré du profit, c'est lui qui a indiqué ceux qui pouvaient déposer les mensonges qu'il avançait ; les subdélégués qu'il employait pour les interroger se servaient de toutes les menaces possibles pour les intimider, leur faisant envisager les cachots les plus affreux, s'ils ne convenaient pas de tout ce qu'ils voulaient que l'on dit et en assurait la liberté sur le champ, si l'on voulait convenir de tout ce qu'on exigeait qu'ils déposassent contre le vicomte Duhamel.

  Les malheureuses victimes de l'oppression ont osé prendre la liberté de porter leurs plaintes aus pieds du Throne.

  Cette esquice de la prévarication la plus odieuse doit présenter à votre Majesté l'idée de toutes les choses qu'on peut avoir à dire contre une vexation et une trame aussi criminelle et aussi dangereuse dans un pays policé, si elle restait impunie, mais comme il est juste qu'elle soit approfondie et prouvée le vicomte Duhamel ose prendre la liberté de supplier votre Majesté de vouloir bien lui permettre de s'adresser au Parlement, pour lui pouvoir lui en donner une preuve légale, il sait qu'un homme chargé de vos ordres et commissaire départi, n'es soumis qu'à vos loy immédiates, mais Sire, votre justice ne doit en être que plus rigoureuse contre ceux qui en abuse à ce point, le Sieur Esmangart est tout puissant par sa place et ses richesse qui lui donnent une autorité dont il abuse indéfiniment et fait trembler tout le monde par l'arbitraire qu'il y employe de sorte qu'il sera très difficile de pouvoir découvrir la vérité sans ce moyen légal et il répugnerait à votre Majesté que l'honneur et la liberté de ses sujets de la Guienne et de sa capitale surtout fussent livrés à un tel despote il y aurait plus de sureté pour personne si la passion de la vengeance s'érigeait pour elle même un tribunal persécutant.

    Le vicomte Duhamel se jette aux pieds de votre Majesté pour lui de mander justice.
    Il ne cessera de faire des vœux pour le bonheur de son règne.%

La suite ...