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Vicomte André Bernard du Hamel

Noble, homme politique, André Bernard que la vie n'a pas épargné, subit aussi les affres de la révolution.

4ème PARTIE

Le 12 brumaire an II (2 novembre 1793), par arrêté, le département de Gironde porte désormais le nom de Bec d'Ambés. Nom qu'il gardera jusqu'au décret du 25 germinal an III (14 avril 1795).


Le 18 brumaire an II (8 novembre 1793), le comité de surveillance de Castets, en la personne d'André Dubourg, juge de paix du canton, se rend au château pour poser les scellés sur le mobilier susceptible d'abriter des preuves du "mauvais état d'esprit" de ses habitants.

Le 25 brumaire an II (15 novembre 1793), le même André Dubourg, devenu président du comité de surveillance, vient procéder à la levée des scellés et se saisit des documents suspects.

Le 4 frimaire an II (24 novembre 1793), l'assemblée impose un changement de calendrier afin de montrer la rupture définitive avec l'ordre ancien. (Sur certains documents le rédacteur utilise encore le calendrier grégorien en précisant entre parenthèses VS ou en toutes lettres : vieux style)

André Bernard, en prison à La Réole depuis 9 vendémiaire an II (30 septembre 1793), est âgé de 74 ans et n'est pas en bonne santé, à tel point que, mi-janvier 1794, le docteur Deroziers, officier de santé à La Réole, lui diagnostique une fièvre "rémittente" qui dure depuis un mois et obtient son élargissement.

Il passe sa convalescence dans un appartement à La Réole, propriété du "citoyen" Gauzan. Le docteur Deroziers le soigne également pour les "jambes enflées, même considérablement sur le soir" et pour "un rhume de poitrine que la fièvre a continuellement accompagnée".

André-Guy, qui avait été transféré à Bordeaux, envoi, depuis la prison, envoie une pétition au conseil de surveillance de Bordeaux (je n'ai pas trouvé l'orignal) pour demander la libération de son frère, elle est datée du 17 ventôse an II (7 mars 1794).

Louis Joseph est libéré le 2 germinal an II (22 mars 1794).

André Bernard regagne Castets le 16 ventôse an II (6 mars 1794) où il restera de manière continue jusqu’au 10 décembre 1796.

Le 3 floréal an II (22 avril 1794), le Comité de surveillance de Castets remet en cause l'arrestation de la famille Duhamel, décision prise par le Comité de surveillance de La Réole.

Il obtient satisfaction et le 15 floréal an II (4 mai 1794), la famille est à nouveau réunie à Castets.

Après avoir fait guillotiner les Girondins, les Montagnards s'entretuent également. Robespierre et le Comité de Salut Public décident de faire exécuter Danton, Camille Desmoulins et leurs partisans car ils sont considérés comme trop indulgents et souhaitent la fin de la Terreur.

Lassés par sa dictature et par la Terreur, de nombreux députés se liguent contre Robespierre et ses proches, comme Saint-Just. Ils sont arrêtés le 9 thermidor an II (27 juillet 1794) et guillotinés le lendemain.

Les vainqueurs de Robespierre, surnommés les « Thermidoriens », libèrent les suspects et mettent fin à la Terreur. C'est le soulagement dans tout le pays. Mais il est de courte durée. Parmi les nouveaux dirigeants, beaucoup (Fouché, Carrier, Barras...) ont outrepassé les consignes officielles et massacré plus que de raison. Ils n'ont abattu Robespierre que pour éviter d'être eux-mêmes abattus. Ils tiennent par-dessus tout à empêcher la restauration de la monarchie qui les priverait de leurs richesses mal acquises, voire de leur liberté ou leur vie.

Les royalistes, majoritaires dans le pays, se prennent à rêver à la restauration d'un roi cependant que le malheureux Louis XVII (le jeune fils de Louis XVI) meurt au Temple le 20 prairial an II (8 juin 1795). Les Jacobins, de leur côté, ne désespèrent pas de revenir au pouvoir.

Dès le lendemain du 10 thermidor an II (28 juillet 1794), les éléments divers, les thermidoriens, dont la réunion momentanée avait si puissamment contribué à la chute de Robespierre, reprennent leur place naturelle, et deux nouveaux partis se trouvent en présence :

Le courant Jacobin,

Le courant royaliste,

Le directoire (1795 -1799)

Le 5 fructidor an III (22 août 1795), ils mettent en place la Constitution de l’an III, connue sous le nom de Constitution du Directoire, on revient au principe de la séparation des pouvoirs (législatif et exécutif), deux assemblées sont crées, le Conseil des Anciens (250 membres) et le Conseil des Cinq-Cents (500 membres).

Ce Conseil des Anciens vote, le 19 fructidor de l’an V (5 septembre 1797), un texte de loi sur les mesures de salut public contre les émigrés, les prêtres et les royalistes.

En son articles V : " Tous les individus inscrits sur la liste des émigrés, et non rayés définitivement, sont tenus de sortir du territoire de la république ; savoir, de Paris et de toutes autres communes dont la population est de vingt mil habitants et au-dessus, dans les vingt quatre heures qui suivront la publication de la présente loi ; et dans les quinze jours qui suivront cette même publication, de toutes les autres parties de la République."

Il semblerait qu’André Bernard soit retourné à Bordeaux de la mi-frimaire an V au 29 thermidor an V (mi-décembre 1796 au 16 août 1797) et soit retourné à Castets ou il se trouvait lors de la publication de la loi ci-dessus.

Voilà donc André Bernard, à 77 ans, sur les routes de l’exil. Il passe en Espagne.

Le 8 brumaire an VI (29 octobre 1797), le ministre de la police, Sotin (de la Coindière), en réponse aux nombreuses suppliques (page1, 2) de son fils cadet, lui accorde une surveillance.

La lecture totale de ce courrier de 3 pages (01, 02, 03) nous en apprend beaucoup sur le fonctionnement de l’administration de l’époque. Elle nous précise qu’André Bernard est toujours en Espagne.

Le 19 brumaire an VI (9 novembre 1797), le commissaire de Directoire exécutif, près de l’Administration départementale de la Gironde, accuse réception au ministre de la police, de sa demande de mise sous la surveillance de l’administration municipale (Castets), d’André Bernard et de cinq autres émigrés.

André Bernard peut entreprendre son voyage de retour pour retrouver sa famille à Castets. Mais son grand âge et son état de santé lui rendent ce retour difficile.

Le 26 frimaire an VI (16 décembre 1797), son état de santé constaté par deux officiers de santé de Bayonne, lui délivre un certificat qui lui permet de faire une demande (page1, 2) auprès de l’administration centrale du département des Basses Pyrénées, afin de pouvoir séjourner à Bayonne le temps de se rétablir, et surtout de justifier son retour tardif à Castets.

Le 4 nivôse an VI (24 décembre 1797), L’administration centrale des Basses Pyrénées envoie leur arrêté au ministre de la police.

Un courrier de son fils du 20 nivôse an VI (9 janvier 1798) au ministre de la police, nous précise qu’André Bernard est en surveillance, depuis deux mois sur ces biens, et réclame justice.

Une nombreuse correspondance, souvent recommandée par l’administration, notamment du Directoire, est échangée avec le ministre de la police, pour obtenir la radiation définitive d’André Bernard de la liste des émigrés.

Ce "combat" commencé en décembre 1792, voit le début de son aboutissement pendant la séance du Directoire exécutif du 3 germinal ans VI (23 mars 1798), lequel arrête la radiation définitive d'émigrés, dont André Bernard. Une note de transmission du ministre de la police porte à la connaissance aux différentes administrations. Le 12 germinal an VI (1 avril 1798) le liquidateur de la dette des émigrés accuse réception de l'arrêté du Directoire, au ministre de la police. Le 14 germinal an VI (3 avril 1798) le ministre des finances accuse réception également.

Le 21 germinal an VI (10 avril 1798), le commissaire du Directoire exécutif, près de l'administration centrale de la Gironde, accuse réception également et requière l'enregistrement de cet arrêté.

Voila clos cet épisode, révolutionnaire pour la famille Duhamel.

André Bernard décède le 18 avril 1809, à 89 ans, dans son château de Castets.



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Bibliographie :