Un peu d'histoire.
La canne à sucre est originaire de l’île de Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Elle a suivi les migrations des habitants des régions de l’océan Pacifique pour atteindre l’Océanie, le Sud-Est asiatique, la Chine du Sud et la vallée de l’Indus en Inde.
Mais c’est en Inde que toute l’histoire du sucre a commencé…
On pense que les Indiens savaient extraire le sucre de canne et fabriquer des liqueurs alcooliques à partir du jus de canne il y a déjà 5000 ans. Les caravaniers sillonnaient l’Orient et l’Asie Mineure pour vendre le sucre sous la forme de pains cristallisés : c’était à la fois une épice, un produit de luxe et un médicament.
Au VIème siècle avant notre ère, les Perses envahissent l’Inde et en rapportent la canne à sucre et les procédés d’extraction du sucre.
Ils cultivent alors la canne en Mésopotamie et gardent le secret de l’extraction pendant plus de 1000 ans.
Les Arabes découvrent cette production en livrant bataille aux Perses près de Bagdad, en 637 après notre ère.
Ils développent avec succès la culture de la canne autour de la Méditerranée, jusqu’en Andalousie, grâce à leur maîtrise des pratiques agricoles, notamment de l’irrigation.
Alors que la civilisation arabo-andalouse et méditerranéenne devient experte en sucre, les autres régions d’Europe la considèrent toujours comme une rareté. Il faut attendre les Croisades, à partir du XIIème siècle, pour que ces régions européennes s’y intéressent.
(Source : Cirad)
La canne dans les Amériques.
Christophe Colomb, lors de son deuxième voyage en 1493, introduit la canne à sucre outre l’océan atlantique.
Des plantes provenant d’ Espagne sont cultivées pour la première fois à Hispaniola (République Dominicaine et Haïti)
mais la plantation est détruite par un cyclone.
Une seconde tentative en 1509 permet une première récolte et une expansion de sa culture.
Grâce aux navigateurs espagnols et portugais, la culture de la canne se répand dans les îles tropicales :
- Porto Rico,
- Cuba
- et la Jamaïque.
En 1520, la canne se cultive au Mexique.
En 1548, elle est importée au Brésil depuis l'île de Madère par les Juifs expulsés
du Portugal par l'inquisition.
Durant le premier siècle de la colonisation, ils sont les plus actifs dans la conquête du marché du sucre,
ils deviennent propriétaires d'immenses plantations et contrôlent le commerce du sucre au Brésil.
Lorsque l'Inquisition les rattrapent au Brésil portugais, ils s'éxilent ou sont arrêtés, leurs biens confisqués.
Le Brésil hollandais devient le seul centre sucrier du Brésil.
En 1630, les Hollandais occupent la province de Permanbouc, appartenant aux Portugais. La population juive de cette région
reprend son activité sucrière.
Lorsque les Portugais réoccupent la région, en 1654, les Juifs sont expulsés, La majeure partie d'entre eux cherchent refuge
en Guyane et aux Antilles.
La culture de la canne à sucre s’est vite répandue au Pérou, au Brésil, en Colombie et au Venezuela.
En 1670, les Jésuites introduisent la culture de canne à sucre en Argentine et l’apportent en Louisiane, en Floride et
au Texas.
La canne Martinique et en Guadeloupe.
Lors de l'arrivée de Juifs du Brésil à la Martinique et à la Guadeloupe, le Père du Tertre nous raconte :
à La Martinique :
«... un navire de 1 400 tonneaux fit voile vers nos isles et aborda à la Martinique (1654).
Les chefs vinrent faire la révérence à M. du Parquet et le supplièrent en même temps d'agréer qu'ils habitassent dans son isle,
aux mesmes conditions et redevances que les habitants François, M. du Parquet y estant tout disposé, mais les RRPP Jésuites lui
ayant remonstré qu'il n'y avait rien de plus contraire aux intentions du Roi, il se résolut avec bien de la peine de le refuser...»
à la Guadeloupe : «... M. Hoüel les ayant fort bien reçus, leur accorda leur demande avec beaucoup de joie. Deux autres grands
navires vinrent mouiller la nuit suivante... Le même jour, deux autres grands navires abordèrent.»
à nouveaux à la Martinique : «... Peu de temps après, un grand navire arriva (du Brésil) rempli de Juifs, le tout faisant 300.
M. du Parquet reçut ceux-cy à bras ouverts !»
C'est à cette manière que la production de sucre remplace celle du tabac.
En 1661, il y a 71 moulins à sucre à la Guadeloupe, et un peu moins à la Martinique.
En 1671, on compte à la Martinique 111 moulins avec 6 582 ouvriers, en 1675, il y a 172 moulins.
Toute bonne chose ayant une fin,en août 1685, Louis XIV signe un édit intitulé « le Code Noir», dont l'article premier stipule :
«... enjoignons à tous nos officiers de chasser de nosdites îles tous les juifs qui y ont établi leur résidence, auxquels,
comme aux ennemis déclarés du nom chrétien, nous commandons d'en sortir dans trois mois à compter du jour de la publication
des présentes, à peine de confiscation de corps et de biens.»
Les Juifs partent donc pour l'île de Curaçao, et l'activité sucrière passe aux mains des Français.
La suite et les conséquences, nous les connaissons et ce n'est pas le propos de cette page.